Merlin dit le raton laveur

Merlin est parti pour le paradis des chats ! Mon cœur est en berne ! Je suis une fontaine ! Je n'arrive pas à l'accepter, ce départ de mon petit compagnon, si joli, si tendre, si drôle, si "doudou" ! Depuis le début de ses tumeurs, il était pratiquement toujours collé à moi, à part les moments où j'étais au "boulot". Je ne sortais plus le week-end, sinon pour le ravitaillement. Et il avait l'air de se porter comme un charme ! Alors que cette saloperie de cancer se développait à l'intérieur. Mais il ne semblait pas souffrir, boulotait comme quatre, vagabondait avec son pote Titi, dans le jardin ou dans la rue, squattait ma couette, se gavait de crevettes grises (il adorait cela) ! Enfin une bonne et belle vie de petit chat... aimé !

Je l'aimais tant, ce Merlin, même si ce n'était qu'un petit chat ! Car c'était mon confident, mon ami, ma tendresse ! Le compagnon de ma solitude, qui va être si profonde, sans lui !

Dans ma chambre, quand je rentre, après le "boulot", je me surprends à penser : "rendez-moi mon chat" ! C'est fou ce qu'il prenait comme place dans mon existence ! Toute cette tendresse, ces échanges, ces moments de vie partagés... ne plus les retrouver... c'est vraiment dur !

Jamais je n'aurais cru aimer autant un chat. Je n'en avais pas eu avant lui, je n'aimais que les chiens ! Mais il faut dire que ce n'était pas "qu'un chat"... c'était... "mon chat", mon beau, mon doux Merlin ! Il avait des yeux magnifiques ! Et il savait en jouer, faisant passer dans son regard toutes sortes de sentiments ! En fait, il me parlait, avec ses yeux ! Nous communiquions, énormément, et moi, au lieu de parler aux meubles ou aux murs, je parlais à un être vivant... qui me comprenait... si bien !

Cette petite boule de poils doux, ces yeux bleus (devenant violets, parfois), cernés comme un raton laveur, tour à tour inquisiteurs, mendiants, fâchés, contents, câlins, charmeurs... va beaucoup me manquer.

C'est à la maison, le plus dur ! Dans chaque pièce, même dans l'escalier, nous avions nos petites habitudes, nos petits rituels !  Machinalement, le soir, j'étends le bras pour le caresser, sur mon lit... Il est terrible, le prix à payer, pour de l'amour donné et reçu !

Et le pauvre Titi erre comme une âme en peine dans toute la maison, le jardin et la rue, en cherchant son "pote Merlin" ! Mon fils me dit que je me fais des idées, mais je suis sûre d'avoir raison ! Ce chat a fouillé ma chambre, sous le lit et les meubles, la salle de bains sous la baignoire à l’ancienne (à pieds), alors qu'il ne pénètre que rarement dans ces pièces, habituellement !

Oui, Titi a senti qu'il se passait quelque chose ! Et il va terriblement se trouver seul, sans son petit compagnon de "câlinous" et de "léchous", de bêtises et de vadrouille ! Titi ne me fait pas de câlins, c'était le chat de Maman, et, depuis son départ, il a jeté son dévolu sur mon fils, qu'il suit comme son ombre ! Moi je ne suis que la "mère nourricière" ! Ce sont les chats qui nous choisissent, en fait, pas nous !